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Le Castia

Découvrez l'histoire du Castia à Henripont.

Explications de la peinture de l’album De Croÿ

L’intitulé « Heripont Franchise » renvoie à la charte-loi accordée par Englebert d’Enghien et son vassal, Jehan de Héripont (1228). Cette présentation semble indiquer que la franchise issue de la charte-loi limite ses effets à un périmètre assez réduit entourant le château.

Les seigneurs d’Henripont sont connus à partir de 1190. Au départ, le château d’Henripont relève sans doute de la catégorie des donjons sur motte. C’est en tout cas ce que suggère son implantation dans la partie basse d’une vallée humide. Avec le temps, le donjon a acquis une certaine consistance.

Entourés de larges douves alimentées par les sources avoisinantes, le château semble se composer de trois constructions distinctes. Celle de droite est en moellons de calcaire ou de grès local. Elle est sommée d’une cheminée de briques. Il s’agit sans doute d’une partie ancienne. Si l’on excepte deux petites fenêtres haut perchées et une lucarne au niveau de la corniche, l’édifice est entièrement fermé sur lui-même. Au centre, se dresse le donjon. Il est en briques et coiffé d’une sorte de clocheton bulbeux sommé de la bannière du seigneur. Ses frontons à pas de moineaux renvoient à l’architecture du XVIème siècle. Il en va de même pour le bâtiment de gauche qui correspond sans doute au corps de logis proprement dit (deux cheminées, bel étage).

Une tour d’angle (à l’extrême gauche du corps de logis), une barbacane et un pont-levis témoignent de la vocation militaire du château. La tour d’angle témoigne peut-être de l’ancien système de défense. La barbacane est composée de deux tours rondes qui encadrent le pont-levis.

Les douves ont été remblayées. Des fouilles effectuées dans les années 1970 ont permis de reconnaître une partie des édifices formant cette modeste forteresse.

 

 

 

 

Extraits de l'"Album de Croÿ"

Tome X – Comté de Hainaut VII

Planche 63, p. 233 - texte, p. 232

Crédit communal de Belgique - 1985

 

LE CASTIA

C’est ici que s’élevait jadis « la forterèche et chasteau d’Heripont ».

Copyright Photo C.I.H.L

Comme beaucoup d’autres places fortes de l’époque, le château d’Henripont n’était pas nécessairement habité par son propriétaire. En de multiples occasions, celui-ci résidait en ville ou dans une seigneurie plus importante. A quelle époque notre château fut-il construit et par qui ? C’est en 1228, que le seigneur Jean de Henripont (2, vassal du seigneur Englebert d’Enghien accorda à ses manants une charte-loi assez libérale (3). Comme le nom de ce seigneur se retrouve dans de nombreux actes passés tant en Brabant que dans le pays de Namur où il avait des propriétés, rien ne nous permet d’affirmer qu’il avait sa résidence habituelle à Henripont dont la population fut toujours très réduite (4).

En 1423, en tout cas, on ne parle pas de seigneur Wallerand d’Esnes (5) comme résidant en ces lieux mais bien de Jean le Petit « castelin d’Henripont … (6).

Les comptes de la seigneurie conservés précieusement au château de la Follie à Ecaussinnes-d’Enghien et auxquels nous avons eu accès (7) ne sont guère prolixes sur la question.

Toutefois, nous avons relevé ce qui suit :

En 1487, la dame d’Henripont est la fille de Wallerand d’Esnes : Marie d’Esnes épouse de Gilles Moreau (8). C’est au château d’Henripont qu’elle reçoit le compteur du domaine.

Vers 1490, leur fils Loys Moreau va relever « le chasteau et forteresse de Héripont », Marie d’Esnes étant décédée.

D’après les notes d’un historien local (9) le château aurait été assiégé et ruiné en 1505 par une bande armée campant sur les 12 bonniers (10).

En 1531, la petite-fille de Loys Moreau, Antoinette Moreau, épouse de Jacques de Hemptinne, mayeur de Namur, charge le bailli d’Henripont de restaurer rapidement la toiture délabrée du château. Quinze cents tuiles y seront utilisées.

La même année et pour la première fois, nous trouvons mention dans les comptes de l’existence des étangs qui protègent le château tout en fournissant de la nourriture les jours maigres. Un valet, le grand Jehan est chargé de « faire un huige à mettre les poissons … »

Le pont-levis étant en mauvais état, Loyset Henro avec deux compagnons se chargent de le remettre en état. Les clous sont achetés à Nivelles tandis que Roele, un serrurier de Braine-le-Comte se charge de fournir « serrures, pentures et crampons ».

Le confort intérieur n’est pas négligé. La même année, un tapissier Enghiennois « fournit à Mademoiselle une tapisserie » et « refaict les tapisseries de mondit seigneur « (11).

En 1534, c’est au tour des verrières « en la chambre de Monseigneur » à être réparées. Le vitrier Lucas de Hal s’y emploie.

Les 15 et 16 mars 1534, Jacques de Hemptinne est d’ailleurs à Henripont « avec sa bonne compagnie ».

Le pont-levis fit-il mal réparé en 1531 ? Toujours est-il qu’en 1536, Loyset de Saincte « refaict et tire le dit pont hors de leauwe ».

Un malheur en entraîne souvent d’autres ! La grande cheminée du château menace de s’écrouler. Il faut dare-dare en construire une nouvelle.

François Houguet y emploiera 5.100 briques tandis que son compagnon Charles des Nauwes « screppe et nettoye les vielz bricques ».

En 1540, il faut nettoyer le puits qui se trouve dans la cour. Ce sera le travail de Jehan Lempereur.

Notre pays entre dans une période de troubles. Les guerres de religion et la chasse aux protestants en particulier vont dresser les peuples les uns contre les autres. François d’Anjou installe à Soignies des garnisons françaises.

Les escarmouches se multiplient entre les Espagnols et les hommes du Prince d’Orange. Les campagnes souffrent des exactions des uns et des autres comme en témoigne le compte de 1578 : « les ennemis ayant surpris icelluy chasteau y ont fait leur butin ».

Le seigneur d’alors est le chevalier Charles de la Hamaide, gouverneur de Binche, qui est devenu propriétaire d’Henripont par sa femme Marie de Gulpen (12).

Pris par les Calvinistes en 1578, il a pu être repris par la force en 1580. De 1578 à 1710, le domaine va rester aux mains des la Hamaide. En 1585, le seigneur d’Henripont réside toujours à Binche (12bis).

En 1590, de nouvelles réparations s’imposent. Le montois Andrien Ottrice est requis avec ses compagnons pour « recouvrir la tourette du château » sur laquelle ils placent 500 ardoises. En 1595, on travaille à réparer les fenêtres « à la chambre au-dessus de la cuisine ». Notons en passant que de nombreuses chambres du château sont déjà louées à la domesticité, en particulier, au fermier de la basse-cour qui semble de plus en plus être le véritable occupant des lieux.

En 1597, s’achève la « réfection de la couverture du château au dessus de la grande sallette ».

En 1602, un « vairieur » de Soignies vient à nouveau réparer 3 verrières endommagées. En ce premier quart du 17ème siècle, le château retrouve une certaine splendeur car le dernier jour d’août 1619, l’Archevêque de Cambray, François van der Burch, vient au château procéder à la consécration d’une chapelle (13). Tout semble aller pour le mieux lorsque soudain le vendredi 5 juin 1620 vers 18h, un incendie se déclare, détruisant une partie du mobilier (14) malgré le secours rapide des domestiques.

Durant les 17ème et 18ème siècles, on ne parle guère du château et pour cause ! Les temps sont de nouveau très sombres. Les exactions des troupes françaises ne se comptent plus. Après le pillage des églises d’Ecaussinnes en 1668, celles-ci s’illustrent à nouveau dans la région en pillant et en incendiant les maisons des manants rebelles à livrer leur fourrage. En juin 1692, un détachement français campe au château. Il y restera 22 jours, obligeant les locataires aux abois à leur livrer « bois, bière et chandelles ». Le seigneur d’Henripont (15) les dédommagera. En juin de l’année suivante, Louis XIV se trouve à Thieusies, plusieurs postes français sont placés aux environs. Ronquières doit « accueillir » 100 soldats, la Follie à Ecaussinnes 50 de même que le château d’Henripont. Le 1er septembre 1693, des soldats français en vadrouille enlèvent 4 vaches au fermier du Tombois à Ronquières. Le propriétaire a la chance de retrouver ses bêtes le lendemain « devant la porte du château d’Henripont ».

En 1710, la seigneurie passe à François de la Barre (16) devenue seigneur de la Follie où il réside. De plus en plus, le château d’Henripont perd de son intérêt. Certes, on l’entretient encore. Par exemple en 1734, un ouragan ayant emporté la toiture de la chapelle et brisé des vitraux, on procède aux réparations. Le pont-levis, une fois de plus « a été entièrement rompu » !

A partir de cette époque, le château est pratiquement devenu la demeure du fermier de la basse-cour qui occupe aussi le donjon (17). La ferme seigneuriale est affermée pour 9 ans et occupée par les familles Lebrun et Dupierreux. Celles-ci utilisent également les parties du château qui les intéressent comme la brasserie où des réparations sont faites en 1755 et 1758 ainsi qu’au four.

En mai 1766, le petit neveu de François de la Barre à qui est échu le domaine (18) se voit contraint de vendre ses terres de la Follie et d’Henripont au chevalier Brouwet, conseiller et receveur général du Hainaut (19). Celui-ci ne s’occupera guère d’Henripont et de son château. En bon financier, il s’empressera d’en tirer le meilleur parti possible. A cet effet, il hypothèque lourdement le domaine qui est cédé à des financiers anversois.

Le château abandonné et tombant en ruines, devint une carrière où les gens des environs venaient « récupérer » à bon compte les matériaux qui leur étaient utiles. Au début du siècle passé, quelques pauvres gens y abritaient encore leur misère. Les intempéries et le boisement du site ont contribué à l’effondrement des derniers pans de murs.

 

Extraits de « Entre Senne et Soignes »

Tome XVIII  - 1974

Souvenirs d’un château disparu – Le « Castia » d’Henripont

Abbé Léon Jous, curé d’Ecaussinnes-Lalaing

 

            

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  1. Voir en dernière page et « Entre Senne et Soignes », XIV, année 1973, page 20.
  2. Fils de Gossuin de Héripont et époux d’une certaine Ide N.. Sa sœur Alix était chanoinesse de Nivelles. Voir Annales du Cercle Archéologique de Soignies, tome XIII, page 119-120. « Les seigneurs de Héripont », par LANDERCY.
  3. Voir A.C.A. de Soignies, tome VI, 1re livraison, page 11 « La charte-loi d’Henripont », par F. BOTTEMANNE.
  4. En 1560, on y dénombrait « 45 feux », soit environs 225 habitants si l’on prend comme moyenne 5 personnes par foyer dénombré.
  5. Fils de Jean d’Esnes et de Mahaut de Gommegnies, dame de Héripont. Voir A.CA de Soignies, tome XIII, pages 123-124. Il est cependant décédé en sa forteresse d’Henripont vers 1458-1459.
  6. Sans doute le bailli
  7. Ces comptes ont été publiés en partie dans le tome XI des A.C.A. de Soignies pages 99 et sv « La Seigneurie d’Henripont vue à travers quelques comptes, par S. DUBOIS.
  8. Fille naturelle de Wallerand d’Esnes, elle épousa un roturier enrichi d’Ecaussinnes, Gilles Moreau. Voir A.C.A.S. tome XXVI, l’excellent article dû à J. SUSSENAIRE et intitulé « Un partage d’ascendants… », pages 33 et sv. Notons en passant que ce testament fut passé en 1454 non pas à Henripont mais à Ecaussinnes.
  9. Il s’agit d’Aimé Tricot, premier instituteur communal d’Ecaussinnes-Lalaing, né en 1820 et décédé en 1876. Auteur de plusieurs opuscules historiques devenus rarissimes. Comme beaucoup d’autodidactes de l’époque, il cite rarement ses sources. Manque de rigueur scientifique ou méfiance ?
  10. Lieu-dit d’Ecaussinnes-d’Enghien
  11. Sur les tapisseries Enghiennoises mondialement connues, voir les Annales du Cercle Archéologique d’Enghien, tomes II, IV, VI, VIII et XIV. Particulièrement le tome VI.
  12. Fille de Guillaume de Gulpen et d’Adrienne de Hemptinne. Cette dernière était fille de Jacques et d’Antoinette Moreau.

(12b) Extraits de l'"Album de Croÿ" - Tome X - Crédit communal de Belgique, 1985 - Comté de Hainaut VII - Planche 63, p. 233 - texte, p. 232

  1.  Voir article sur la consécration de cette chapelle dans le n°1 de la revue du C.I.H.L. « Le Val Vert », Maison communale. Ecaussinnes-Lalaing.
  2. En 1620, le seigneur d’Henripont est Charles de la Hamaide, grand prévôt de Mons et époux d’Odile de Wiltz, chanoinesse de Maubeuge. Il était fils de Marie de Gulpen.
  3. Charles-Antoine de la Hamaide, fils de Jean-Charles et Marie de Recourt. Ledit Jean-Charles était fils de Charles et d’Odile de Wiltz. Charles-Antoine mourut célibataire en 1707, laissant sa seigneurie à sa nièce Anne-Marie de la Hamaide, épouse de Robert-François du Chastel de la Howarderie, seigneur de Boussoit-sur-Haine, qui se garda bien d’accepter cette succession. Pierre-Adrien de la Hamaide, frère d’Anne-Marie en fit autant alléguant le passif de la succession.
  4. Ce fut un autre neveu du défunt : François-Adrien de la Barre, fils d’Odile-Dorothée de la Hamaide qui accepta enfin la succession. C’est ainsi que les archives de la seigneurie d’Henripont passèrent aux seigneurs de la Follie.
  5. Aujourd’hui disparu, ce donjon distinct du château existait encore en 1870. Il servait d’habitation particulière et était situé au bord d’un sentier.
  6. Louis, créé duc et prince de Looz-Corswarem avait épousé Marie-Françoise d’Assignies, fille de Marie-Odile de la Barre.
  7. Alexandre-Thomas Brouwet avait obtenir le 12 septembre 1760 de l’impératrice Marie-Thérèse, le droit de sommer son écu d’une couronne au lieu d’un bourrelet et d’y joindre pour supports deux lions d’or portant bannières aux armes de l’écu.

 

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